Nous qui, nés au couchant pour mourir avant l’aube,

Du monde connaissons l’obscurité totale,

Comment appréhender sa vérité, nés aux ténèbres,

Impénétrable fruit du non-rayonnement ?

Les seuls astres étant nos maîtres de lumière, nous saisissons

A perte de pensée leur ténu poudroiement,

Et, bien que leur regard perce des nuits le masque,

Il n’annonce jamais le visage du jour.

Pourquoi ces infimes dénis de l’intégral

Charmeraient-ils notre œil plus que le noir total ?

La prétendue valeur, pourquoi l’âme captive

L’accorde-t-elle à l’exigu pour en priver le grand ?

Ainsi, par amour de la lumière souhaitant la nuit plus vaste,

Accédons-nous confusément à une nocturne notion du jour.

(Traduit de l’anglais par Armand Guibert.)